La divergence entre oléagineux et huiles oléagineuses
- 07/03/2018 14:11
- AgriTechTrade
- Matières premières
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Alors que le cours du soja regarde plein Nord depuis sa sortie du triangle en date du 12 Février 2018, soit la publication du dernier rapport USDA, le cours du colza n'en finit pas de dériver entre les 347 et 359 €/t à +/- 3 €/t, du fait de son rattachement aux cours des huiles depuis la décision de Bruxelles du mois de Septembre 2017.
Un regard s'impose donc sur les fondamentaux des oléagineux, pour comprendre un peu mieux pourquoi le cours du colza est actuellement sous une emprise qui l'empêche de revenir un niveau en adéquation avec son homologue qu'est le cours du soja.
Tout d'abord, une précision qui a toute son importance, près des deux tiers du colza produit en France est orienté vers l'industrie des biocarburants. Et tout de suite, on comprend mieux pourquoi ce dernier, suite à la décision du 7 Septembre de Bruxelles, suite à une plainte à l'organisation mondiale du commerce en 2016, de baisser ses taxes à l'importation de biodiesel argentin et indonésien de 22 à 25,7 % à seulement 4,5 à 8,1 %, avec exécution en date du 28 septembre 2017.
Dès lors, le colza a cessé d'être arrimé au cours du soja, pour se conformer aux fluctuations du cours de l'huile de palme. L'huile de palme étant l'élément principal du biodiesel indonésien. Et l'huile de soja qui a débuté sa tendance baissière de CT/MT depuis le 9 novembre 2017, a entrainé dans son sillage le cours du colza qui a lui aussi décroché depuis le 9 novembre 2017. Et le cours du colza après un petit rebond en début d'année 2018, aura vu son cours décroché de nouveau le 9 janvier, marquant de fait, le même mouvement à même date que le cours d'huile de palme.
Comme tout cela est bien étrange d'un point de vue du producteur, mais comme tout cela est bien raccord d'un point de vue du marché, qui a classé le cours du colza dans la case des huiles industrielles et non plus dans la case des graines pour la partie protéine à destination de l'alimentaire.
Le résultat est donc celui que l'on connait, donc un schéma neutre dans le meilleur des cas pour le cours du colza avec sa zone de trading range élargie des 344 - 362 €/t. Soit dans le même état d'esprit que celui de l'huile de palme coté en Malaisie fluctuant entre 2 475 et 2 625 ringgits la tonne. Alors que l'huile de soja essaye de sortir par le haut de son canal baissier en place depuis près de 4 mois, bloqué par le niveau des 32,50 $.
Cela est d'autant plus dommage, que les fondamentaux du colza sont plutôt neutres à haussiers, avec une production de soja en Argentine qui est vue selon les analystes entre 40 et 45 Mt, contre 58 Mt initialement prévu. Et si la production de soja au Brésil devrait se maintenir sur le niveau élevé des 112/114 Mt, la législation du pays à compter du 1er Mars 2018 va voir une hausse du taux d'incorporation d'huile végétale dans les carburants qui va passer de 8 à 10 %; ce qui devrait se traduire par une hausse de 4 Mt d'huile de soja supplémentaire selon l'analyste Soybean and Corn.
Et lorsque l'on sait que l'Argentine est le premier exportateur de tourteau de soja au monde, avec une production de graines de soja sur la campagne 2017/2018 qui pourrait chuter de 10 à 15 Mt; il va de soi que les opérateurs risquent de se rabattre sur des tourteaux de colza, dont le prix est bien moindre à l'heure actuelle (215 €/t).
Au final, le point de vue du producteur sera de se demander à quel moment la situation va de nouveau s'inverser ? Et à cela, on ne pourra que lui répondre : lorsque le cours sortira par le haut de sa zone de trading range des 344 - 362 €/t. Et que la seconde question qui viendra de suite de la bouche du producteur : quel sera le facteur déterminant pour une sortie par le haut ? La réponse fusera : que Bruxelles reprenne la main sur le dossier, et raugmente ses droits de douane à l'importation des biocarburants argentins et indonésiens, comme l'a fait dernièrement les Etats-Unis, en affichant un droit de douane à l'importation à hauteur de 64 % alors que ces derniers absorbent 90 % des exportations de biodiesel argentin.
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